Aminata Tall, prototype de l’homo politicus senegalensis traditionnel (par Yérim Seck)

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Je lis, à travers le journal Source A, dans sa parution de ce jeudi 16 mai, que Aminata Tall, qui a trôné ces six dernières années sur le Conseil économique, social et environnemental (Cese), du nom de cette institution aussi budgétivore qu’inutile, a géré cette structure dans une bamboula digne d’une République bananière. Non contente d’y avoir recruté ses neveux, tantes, oncles, amis et tutti quanti, elle y disposait d’un parc automobile riche de… huit voitures de fonction.

Rien de surprenant ! Aminata Tall est de cette école, de cette génération de politiciens dont l’échec cuisant a plongé le Sénégal dans une régression chronique 60 ans après notre indépendance. Suivant le code génétique de cette génération, faire la politique, c’est se caser dans la durée pour vivre ad vitam aeternam aux crochets de l’Etat. Cette race de politiciens est experte dans l’art du positionnement personnel pour jouir de prébendes et faire profiter famille, amis et alliés de privilèges, surtout indus.

Aminata Tall était ministre sous Abdou Diouf, ministre sous Abdoulaye Wade, présidente du Cese sous Macky Sall. Alors qu’une lourde divergence autour de la gestion du fonds de la décentralisation les avait éloignés sous Abdoulaye Wade, elle a réussi, à la veille de l’élection de Macky, à se rapprocher de lui pour devenir l’un des premiers servis au banquet de la deuxième alternance démocratique survenue en 2012.

C’est un euphémisme: Aminata Tall sait durer… Comme ces politiciens de métier et de carrière vissés sur les strapontins de la République qui s’engraissent avec leurs familles et leurs amis au détriment de goorgoorlous exsangues qui ne voient même plus le diable pour lui tirer la queue, pour reprendre le trait d’humour noir d’un observateur ulcéré par le quotidien des damnés de la débrouille ordinaire.

Cette façon de consommer la politique donne sa force au discours d’Ousmane Sonko qui trouve un écho auprès d’une jeunesse révoltée par ce saccage du Sénégal et animé d’une phobie aiguë des prébendiers de l’Etat et autres braqueurs de la démocratie. Dans leur viseur, tous les politiciens de l’époque et de l’espèce d’Aminata Tall.

Ils ont fort raison, au regard de l’état de ce pays au bout de 60 ans de népotisme caricatural, de « partagisme » imbécile et politique-business. Le Sénégal a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes qui brûlent d’une passion de l’intérêt général. Tous les prototypes de l’homo politicus traditionnel doivent disparaître.

Cheikh Yérim Seck